01 Juin Quelle place occupe « la peur du manque » dans vos décisions d’affaires en lien avec la relève et le transfert d’entreprise?
À travers ses articles, Hélène nous livre en toute authenticité l’essence de ce nouveau paradigme qui est en train de transmuter complètement le monde des affaires… Par son partage d’expériences, de réflexions et d’exercices, Hélène offre aux entrepreneurs des choix différents quant à des éléments concrets à mettre en pratique pour favoriser une expansion perpétuelle dans leur vie professionnelle et personnelle.
Clarté+ Fluidité et Simplicité = Efficacité.
La peur du manque est tellement bien ancrée dans la société actuelle que bien
souvent, nous ne nous en rendons même plus compte. Nous avons peur de manquer d’argent, d’employés, de relève, d’opportunités et de temps, pour ne citer que quelques exemples.
La relève et le transfert d’entreprise sont des sujets d’actualité dans le milieu des affaires. En effet, je rencontre plusieurs dirigeants qui ont peur de transférer la direction de l’entreprise (peur de perdre le contrôle) et qui ont des préoccupations monétaires (manque d’argent) pour la suite. De plus, le manque de planification du transfert de l’entreprise est souvent identifié comme étant l’une des principales causes de l’échec du transfert à une autre génération ou à des repreneurs. Qu’est-ce qui se cache derrière ce manque de planification, ou cette résistance?
Qu’il soit fondateur, cédant, vendeur ou propriétaire, le dirigeant s’identifie et se définit souvent presque uniquement par son entreprise qui lui procure un sentiment d’utilité, de contrôle, de compétence et de reconnaissance sous différentes formes monétaires et non monétaires. Il en découle ainsi un profond sentiment d’attachement et de valorisation personnelle en lien avec l’entreprise.
C’est d’ailleurs souvent ces sentiments et la perception de perdre tous ces repères qui amènent des non-dits et des situations de « tire-pousse » avec la relève. Paradoxalement, on évite d’en parler pour ne pas créer de conflit et d’inconfort, ce qui crée ainsi la situation inverse. Puis, le temps file, et on finit par ne plus savoir par où commencer…
Un autre élément qui entre souvent en jeu est le style de vie que l’entreprise procure au propriétaire. La peur de manquer d’argent et/ou que la relève n’ait pas les « moyens » d’acheter l’entreprise est souvent omniprésente et se manifeste par la difficulté à vouloir céder de la propriété et la direction de l’entreprise à une relève. La confusion s’installe alors quant à la façon de déterminer la valeur de l’entreprise, le prix de vente et le financement, entre autres. L’argent est souvent un sujet tabou et, encore une fois, il est facile de demeurer dans les opérations quotidiennes de l’entreprise plutôt que d’aborder ce sujet délicat.
C’est souvent le manque de communication en toute transparence et l’absence de clarté qui apportent de la lourdeur à tout le processus du transfert de l’entreprise. On se renseigne sur l’aspect financier, mais c’est principalement l’aspect relationnel entre les parties prenantes qui est au cœur du transfert de l’entreprise, pour celui qui la cède etcelui qui la reprend. Dans le paradigme actuel, le transfert d’entreprise est souvent vécu et perçu comme une négociation où il y a un gagnant et un perdant : un qui gagne et l’autre qui perd le pouvoir; un qui veut le prix le plus élevé et l’autre qui veut le prix le plus bas; etc.
Dans le nouveau paradigme d’affaires, je vous invite à transmuter cette dynamique de dualité et de manque par une dynamique de neutralité et d’harmonisation des visions entre le propriétaire dirigeant et sa relève, afin que le plus haut potentiel se dévoile pour toutes les parties prenantes au transfert. C’est donc avec joie que je vous présente l’équation de l’harmonie :
Ouverture + Clarté et Authenticité + Engagement = Harmonie et Plénitude
Un transfert d’entreprise consiste en une série de points de choix pour le cédant et le repreneur. Le premier élément de l’équation est l’ouverture à accueillir la vision, les préoccupations et les filtres de la réalité de chacun. Par exemple, le cédant peut avoir une certaine difficulté à cesser de retenir son entreprise et le fait d’en prendre conscience sans se sentir jugé peut justement créer cette ouverture. De l’autre côté, le repreneur peut, par enthousiasme, impatience et par désir de faire ses preuves, vouloir « tasser » le cédant du processus décisionnel. L’ouverture de part et d’autre à accueillir ce qui est présent et ce que cela crée est une clé importante, sans quoi de la frustration et du ressentiment se développent inévitablement.
Le deuxième élément de l’équation est la combinaison de la clarté et de l’authenticité. Je constate régulièrement que les étapes et le déroulement d’un transfert d’entreprise ne sont pas clairs pour toutes les parties impliquées et c’est souvent un bon point de départ pour initier une communication en toute authenticité. Cela permet aussi pour chacun d’identifier les éléments qui nécessitent plus de clarté en toute transparence. On ne peut pas toujours l’expliquer, mais on est tous capable de ressentir lorsque des non-dits sont présents et lorsqu’une communication vient du cœur et est authentique. C’est d’ailleurs la base du btroisième élément de l’équation, l’engagement.
Lorsque toutes les parties prenantes du transfert de l’entreprise disent oui à cette équation, il en découle une harmonie et une plénitude pour tous, puisque chacun est honoré pour la personne qu’il est et a l’opportunité de faire des choix conscients en plein alignement avec son unicité, et ce, à chacune des étapes du transfert de l’entreprise. Bien sûr que cela peut faire « remonter de la poussière », mais n’est-ce pas là la beauté de l’expérience humaine?… De choisir de partager ce qui est présent et ce qui remonte pour s’en libérer et se sentir plus léger? Le processus de transfert de l’entreprise se dévoile ainsi au fur et à mesure que chacun fait ses choix et participe à la cocréation du futur de l’entreprise avec les autres parties prenantes.
Je pense justement à un cas où le dirigeant, quoique retiré du quotidien de l’entreprise, reportait constamment les discussions en lien avec le transfert de propriété. La relève se sentait ainsi de plus en plus inconfortable puisque c’est elle qui contribuait de plus en plus à créer la valeur de l’entreprise. Cette situation apportait donc son lot de questionnement dont : « Est-ce que je vais pouvoir accéder à la propriété de l’entreprise ? Si oui, quand ? »; « Est-ce que je suis en train de créer de la valeur pour l’entreprise et, par le fait même, paierai les actions plus cher ? »; « Quelles sont les possibilités de financement pour le rachat des actions ? »; etc.
Lorsque ces questions demeurent sans réponse pendant un moment, cela finit toujours par affecter le degré d’engagement qui est en lien direct avec l’efficacité et la profitabilité de l’entreprise, car le doute et les frustrations potentielles occupent de l’espace qui freine l’expression du plein potentiel de l’entreprise et de la relève. Le propriétaire quant à lui se sent souvent inconfortable et coincé avec des questionnements en lien avec l’équité, ses finances et son identité qui occupent également beaucoup d’espace.
Qu’en dites-vous? Le ressentez-vous ?
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